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Discussion sur le post de Philippe Quéau "La Révolution sera morale"
http://metaxu.wordpress.com/2013/12/05/233/


OlivierAuber :

Tu as mentionné trois dates fondatrices qui caractériseraient la Renaissance européenne: 1454, 1492, 1517. Il me semble qu’il y en a une autre qui a précédée celles-ci : c’est 1425, date à laquelle Brunelleschi a proposé sa célèbre expérience de la Tavoletta qui a marqué le top départ de l’invention de la perspective spatiale qui s’est ensuite répandue dans la peinture, l’architecture, les sciences et les techniques.

La perspective n’est pas qu’une construction géométrique, c’est une affaire profondément symbolique, et en cela, elle est à mon sens au moins aussi importante que l’imprimerie. La perspective offre à chacun le moyen de se situer dans l’espace de la représentation et de juger de la légitimité de celle-ci en regard d’un point de fuite, symbole de l’infini et de l’inconnaissable.

Aujourd’hui, il se produit un phénomène similaire avec les réseaux qui proposent deux nouvelles perspectives à l’œuvre dans la noogénèse : une « perspective temporelle » centrée sur les nœuds du réseaux qui agrègent chacun les communications de leurs voisins et en restituent un flux subjectif instant après instant, et une « perspective numérique » centrée sur les « codes » (codes de fuite) qui permettent à ce réseaux de se comprendre.

Mon hypothèse est qu’il existe des règles de « construction légitime » de ces deux nouvelles perspectives, tout comme existent celles de perspective spatiale mises en lumière par Piero della Francesca et Alberti. Ces règles seraient essentiellement liées à la « symétrie » de la construction, ce qui en terme de réseau peut aussi se traduire par « égalité » ou bien « réciprocité ». La « construction légitime » d’un réseau ou d’un sous-réseau constitue selon moi un avantage évolutionnaire majeur. Les « réseaux légitimes » seraient amenés prendre le pas sur ceux qui ne le sont pas sous la pression sélective que nous exerçons sur eux.

La noogénèse serait donc la continuation de l’Évolution dans un monde peuplé depuis peu par une nouvelle espèce : les réseaux hybrides. Plus tôt nous serons capables d’en appréhender les formes de construction légitime, plus tôt nous pourrons agir pour déminer nombre de conflits qui menacent la civilisation-monde.

PhilippeQueau :

Je trouve ta métaphore de la « perspective numérique » très pertinente. J’aimerais y associer, pour mémoire, les noms d’Euclide bien sûr, mais aussi et surtout de Riemann et de Lobatchevsky. A partir de ces derniers noms, on peut même rêver à des formes de perspectives encore plus originales, déroutantes (au sens propre du mot, c’est-à-dire nous permettant de « rompre » d’autres routes). Par exemple des perspectives nanosphériques, macrosphériques ou noosphériques. Ou encore des co-perspectives, des milliards de perspectives mises en scène à l’échelle de l’humanité entière, et même des générations futures. Il y a du pain sur la planche.

OlivierAuber :

Héhé, tu me pousses dans la courbure ;-) Comme je l’ai déjà signalé dans un autre commentaire, les métriques d'Euclide, de Riemann et de Lobatchevsky pourraient bien en cacher une autre. Si elle était confirmée, l’hypothèse de l’univers bi-métrique exploré par Sabine Hossenfelder et Fréderic Henry-Couannier (*) à la suite des réflexions de Sakarov et de Petit, pourrait être le big bang scientifique et spirituel dont le monde a besoin. La « perspective numérique » muterait en une « perspective quantique » qui ne serait plus seulement une métaphore. Ses fuyantes se tisseraient selon des formes de causalité inouïes centrées sur un « code de fuite » qui ne serait rien d’autre que le point Oméga.

(*) http://en.wikipedia.org/wiki/Dark_energy#cite_ref-38

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