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PierreLevy

Commentaires

Cher Pierre, tu dis:

"les nouveaux médias interactifs fonctionnent de tous vers tous dans un espace a-centré"

ça ne me semble pas exact. J'exprime même exactement l'inverse dans les papiers que je t'ai passé... ( http://perspective-numerique.net/wakka.php?wiki=IriOlivierAuberOct08 et http://entretiens-du-futur.blogspirit.com/archive/2008/09/27/game-over-changeons-l-internet.html ).

Mais au fond, il semble que l'on soit d'accord, puisque tu dis aussi :

"Au lieu d'être centralisés par des moteurs de recherche aux algorithmes secrets et uniformes - comme c'est le cas aujourd'hui - la mémoire mondiale pourrait alors être balisée et explorée par une société décentralisée et collaborative d'agents sémantiques dont chacun exprimerait le point de vue et les intérêts des personnes ou des réseaux qui les contrôlent."

Tes "balises sémantiques" sont pour moi des "codes de fuite" homologues des "points de vue" que tu signales, dans le cadre d'une "perspective numérique"'. On peut ergoter pour savoir si cette perspective est "numérique" ou bien "sémantique". Je penche pour "numérique" car cela me parait mieux souligner le caractère arbitraire des "codes de fuite" qui l'organisent. La sémantique "vient" précisément lorsque la perspective opère. Elle n'est pas un étant donné.

Quand on dit "perspective", on en vient vite aux critères de "légitimité" de cette perspective. C'est là qu'il faut bosser à mon avis.

Je partage ton avis quand tu situes l'horizon : "d'une pratique massivement distribuée des sciences humaines et d'un dialogue herméneutique s'exerçant librement sur la mémoire mondiale".

Bon, mais je cause, je cause. Sans doute as-tu mieux à faire que me lire: chasser les ours, préparer des fourrures pour l'hivers? ;-)

Ecrit par : OlivierAuber | 17.10.2008

En vous lisant tous les deux, je me demande s'il ne serait pas pertinent de voir les choses sous l'angle d'un système où les dimensions numériques et sémantiques se reconfigurent l'une l'autre en permanence...un peu comme ce qui a été soulevé par la question de l'identité numérique ici

http://florencemeichel.blogspot.com/2008/10/une-approche-de-lidentit-renouvele.html

L'idée c'est d'appréhender les choses sous l'angle d'une spirale dynamique en reconfiguration permanente...la perspective globale en serait la résultante à l'instant t !

En parallèle, il a aussi la question des repérages éthiques pour chacun !

Ecrit par : florence meichel | 17.10.2008

Bonjour Olivier,
"les nouveaux médias interactifs fonctionnent de tous vers tous dans un espace a-centré" : Disons que c'est ce que le numérique rend techniquement possible.
Pour le reste, après lecture de tes textes, je partage pas mal de tes intuitions sur la nouvelle "perspective" et les nécessaires mutations de l'adressage. Mais je crois que la nouvelle perspective appelle un nouvel espace, une nouvelle geométrie.
Voir : http://www.microurl.org//29
amitiés
Pierre

PS : Florence, je te répondrai après t'avoir lu...

Ecrit par : Pierre Lévy | 18.10.2008

"la nouvelle perspective appelle un nouvel espace, une nouvelle geométrie"

Oui j'en suis aussi persuadé.

Ce qui m'intéresse de bosser, c'est la "lisibilité" de cette géométrie, lisibilité qui est à mon avis une condition de sa "légitimité", et donc de son usage social effectif.

Cette "lisibilité serait très particulière, car elle relèverait paradoxalement de l' "anoptisme":

Vois ce que j'ai écrit sur http://anoptique.com/wiki/ConceptAnoptisme :


Comme il peut sembler assez paradoxal d'intituler "Anoptique", du grec "a" (sans) et "optiké" (vision), le projet de rendre visible l'Intelligence Collective, cela appelle sans doute quelque explication...

Le projet d'Anoptique est bien entendu à l'opposé de celui du "panoptique", du grec "pan" (tout), qui "est un type d'architecture carcérale imaginée par le philosophe Jeremy Bentham" dont "'l'objectif [...] est de permettre à un individu d'observer tous les prisonniers sans que ceux-ci ne puissent savoir s'ils sont observés, créant ainsi un « sentiment d'omniscience invisible » chez les détenus" (1).

Le concept d' "Anoptisme" s'écarte aussi dans une certaine mesure de celui de l'"Holoptisme", du grec "holos" (entier, tout, totalité), qui "consiste en un espace physique ou virtuel dont l'architecture est intentionnellement conçue pour donner à ses acteurs la faculté de voir et percevoir l'ensemble de ce qui s'y déroule" (2). A en juger par l'opposition des racines grecques, on pourrait même croire qu'il y a un antagonisme radical entre Anoptique et Holoptique. Ce n'est pas tout à fait le cas : si l'Anoptisme, comme l'Holoptisme, "visent à fournir à l'individu une représentation modélisée [...] de l'espace dans lequel il évolue" (3), l'Anoptisme fait son deuil de l'idée de "totalité" de cet espace comme de l'"objectivité" de sa représentation, et insiste au contraire sur l'arbitraire et la subjectivité des points de vue qui président aux modèles et aux règles qui les déterminent.

Pour l'Anoptisme, les relations humaines ne sont pas réductibles à la mise en place d'une boucle de rétro-action cybernétique entre le groupe et l'individu ; l'essentiel est définitivement invisible à nos yeux. Le deuil de l'objectivité est rendu supportable par le fait que chacun est potentiellement auteur des points de vue, et acteur des règles et des codes qu'ils mettent en oeuvre. L'Anoptisme entend fonder de cette manière la légitimité d'une "perpective numérique"(4) à mettre en oeuvre au sein des systèmes sociaux.


C'est pourquoi, avec Yann Le Guennec, nous travaillons sur la question des visualisations, dans cet esprit:

L'intelligence collective d'un groupe ne peut se développer que dans la mesure où :

* chaque individu a accès à au moins une forme de représentation de l'activité du groupe,
* chacun peut se situer dans cette représentation, et en conséquence faire varier sa situation par l'action,
* cette représentation est considérée comme légitime par tout un chacun.

Ces représentations collectives évoluent selon l'activité du groupe. Elles en constituent des cartes dynamiques, établies selon certains points des vue. La condition de légitimité ne peut être remplie que dans le cas où chacun a conscience de caractère réducteur des cartes et de l'arbitraire des points de vue qui y président. Enfin chacun doit pouvoir agir sur les règles de constitution des cartes, voire sur leurs points de vue mêmes.


Je ne doute pas que cette piste rencontrera un jour celle de l'IEML et de l'adressage Multicast...

Entre temps, il faut manger, et ici c'est l'hiver polaire pour la recherche, la banqueroute à tous les étages. l'autisme généralisé, le bord de l'état d'exception.

Si tu as des idées?

Ecrit par : OlivierAuber | 18.10.2008

Olivier,
Je te suis complètement.
Simplement je me suis concentré ces dernières années sur une géométrie "abstraite" (et par hypothèse "commune"), à partir de laquelle il serait possible de générer autant de visualisations (et même de principes de visualisation) différentes que l'on voudrait. Pas de lisibilité de la géométrie avant la géométrie elle-même : la priorité stratégique était donc pour moi de geométriser.
Au sujet de la banqueroute, mon idée, c'était de quitter la France! ;-) Mais ce n'est peut-être pas valable pour tous les cas...

Ecrit par : Pierre Lévy | 18.10.2008

En fait ce que je voulais dire c'est que sur le net les objets ont une vie numérique !

Par exemple, un blogueur publie un billet auquel il attribue un certain nombre de tags initiaux...d'autres blogueurs reprennent à leur tour le billet, se l'approprient en lui attribuant d'autres tags...le texte initial s'en trouve enrichi et ,au fur à et mesure de sa vie, voit son sens inital profondément remanié...il me semble essentiel que les codages numériques puissent rendre compte de ce processus : c'était le sens de mon propos...sans doute quelque chose à voir avec une forme d'ontologie évolutive ?

Je rejoins Olivier sur la nécessaire visualisation du processus pour chacun et son accompagnement sur un plan meta : cela s'inscrit dans des dynamiques qui visent à apprendre à apprendre autour des technologies et du web sémantiqe en particulier : la prise de recul me semble essentielle pour comprendre ce qui se joue autour de ces notions et du rôle que chacun en lien aux autres tient dans ce système !

Ecrit par : florence meichel | 18.10.2008
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