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Tableau de paysage

Nous pouvons bien dire, alors, que ce qui nous permet de saisir la réalité du monde, dans sa cohérence et son unité pour nous est un système de règles dites «perspectivistes » , d‘abord mises en place par des artistes pour être ensuite intériorisées comme normes. Nous voyons et sentons le monde comme un tableau de paysage, cadré, dense, cohérent , et ce qui a été maîtrisé par cette construction. Et l’incroyable prégnance de ce schéma tient sans doute en ce qu’il semble maîtriser le sentiment diffus d’hétérogénéité, d’altérité, d’incohérence que le divers du monde nous offrirait sans lui (4).

Cependant, cette construction perspectiviste, et j’aimerais dire « paysagère », à laquelle nous nous fions pour ce qui est de notre vie courante, et qui, ainsi que je l’ai souligné, nous rend le monde en quelque sorte habitable, commence à révéler certaines faiblesses : elle ne semble plus convenir à la perception d’un monde que les nouvelles technologies de la communication ont bouleversé. En effet, ce qui est donné en simultanéité dans la vision globale du tableau de paysage doit être détaillé et construit en plans successifs pour représenter la distance réelle entre proche et lointain. C’est au prix de cette contradiction intime que l’ illusion paysagère perspectiviste peut être maintenue. Le global noué au local par une série de règles de montage, ainsi se présente le tableau-monde que nous appréhendons.

Or, rien de tel avec l’espace des télécommunications actuelles, car dans un espace où la cible visée est immédiatement touchée, nul besoin de représenter la distance qui sépare la requête de sa satisfaction ; qu’elle soit proche ou lointaine, la cible aura, du point de vue spatial, la même définition : elle ne sera pas située en perspective et aucune carte de type géographique ne peut la représenter. Non seulement à cause de l’étendue illimitée de l’espace cybernétique (une partie seulement du net étant utilisée et visualisable en tant que sites web), mais aussi à cause de la fugacité et de la mobilité des repères, qui inciteraient à dresser de cet espace une topographie plutôt qu’une cartographie statique, encore que celle-la privilégie le processus et laisse intacte la définition d’un espace-support (5). Seule serait efficace le recours à une autre sorte de perspective, disjointe du spatial ; celle d’une mise en rapport de la requête avec un « code de fuite » représentant le moyen d’accès à la satisfaction de la demande. Cette même perspective qu’ Olivier Auber dans son intervention ici-même, appelle perspective numérique.

  DunPaysageLautre
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