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La double hélice (Data/bande passante) et (Contenu/droits) doit être compris de tous les acteurs de la chaîne de valeur qui relie les créateurs à l'utilisateur final, dans le monde digital. Dans ce contexte les reflexes aristoteliciens de la categorisation, de la segmentation et de la spécialisation ne correspondent plus à l'immersion dans un monde complexe, transverse et mutable à chaque génération d'applications.
Des intiatives indépendantes dans tous les domaines de la sphère cognitive se sont developpées avec les languages numériques. Mais il faut encore souligner que l'économie digitale est avant tout une arme du capitalisme. L’hégémonie des Médias ayant dissous le corps social au profit d’une manipulation systématique de l’information, les individus n’ont plus le pouvoir d’agir eux-mêmes physiquement dans l’espace et le temps de l’échange. Devenus consommateurs passifs, ils ne sont que les points de convergences statistiques, isolés derrière leur écrans, d’un système d’information qui régule le champ économique.
Je veux revenir sur le probleme des applicatifs "free". En developpant une philosophie du libre acces, les chercheurs font le lit des infostructures qui ainsi ne paient pas leur R&D et leur donnent un avantage concurrentiel dans la competition qui les animent pour prendre des parts de marché. Sans régulation politique, le réseau modèle la société alors que c’est la société qui devrait modeler le réseau. La technologie façonne le social par l’intermédiaire du réseau d’information, un peu comme est parvenue à le faire la production en série de l’automobile, et la radio commerciale dans les années 30. Ces moyens technologiques ont développé la communication comme paradigme socio-économique, et il est relayé aujourd’hui par celui de l’information, qui n’en est que la continuité.
Le concept de réseau contient tous les autres, ceux de management, de planification, d’organisation, de rationalisation, de standardisation, et jusqu’à la notion de communauté et de besoin. Cette vision totalitaire d’un mode de liberté défini rend de plus en plus toute alternative impensable, que ce soit la coexistence d’autorités diverses, autonomes, ou encore l’équilibre de ces autorités en contrepartie à une trop grande centralisation de pouvoir. Ces autorités peuvent certes exister, mais à l’intérieur du réseau technologique, ce qui leur donne une forme politique et idéologique déterminée, acceptable, qui les réduit à des opinions, des pouvoirs d’achat, des pouvoirs d’informer, des diffuseurs de savoirs toujours utilitaires.
L’image qu’on veut implanter en ce nouveau siècle, c’est bien entendu celle d’un Homme nouveau, redessiné, qui n’a plus rien à voir avec l’Histoire ou la géographie anciennes. Celle d’un consommateur averti, intelligent, autonome. Un Homme nouveau simplement parce qu’il est en réseau avec de l’information et des données, qu’il est interactif et que seules ces conditions suffisent à croire. Un Homme nouveau, non pas parce qu’il s’est réapproprié son intelligence des choses et des faits à-travers l’Histoire, par une intelligence équilibrée et active qui part du sens commun... Non : un Homme nouveau qui s’apparente par la forme à l’Homme nouveau des fascistes allemands des années 30, un homme jeune, athlétique de l’esprit et performant. L’Homme des films documentaires de Leni Riefensthal sur les Olympiques de Berlin.
« Les brevets logiciels permettent aux grandes entreprises des technologies de l’information de voler la propriété intellectuelle des petits éditeurs et à s’emparer de leurs créations protégées par le droit d’auteur en les forçant à dévoiler leurs idées les plus innovantes en échange du droit de vivre », dixit Jean-Paul Smets, PDG de Nexedi.
La génération “ Nitendo ” fourbit les armes de la générosité citoyenne pour affronter les nouveaux enjeux mondiaux. Cette démarche politique est apparue dans les communautés wired, contre l’ogre capitaliste sous un ciel bleu où dansent toujours les satellites. Cette bataille pour emporter la domination sur la propriété matérielle et intellectuelle n’est pas anodine, loin de là. Les entreprises néo-américaines utilisent tout l’arsenal juridique pour s’approprier les valeurs marchandes et non-marchandes et tenter de posséder l’intégralité du Réel descriptible. Et bien entendu de le vendre au moindre cout aux millions d'utilisateurs que nous sommes.
L’ économie solidaire pointe le doigt sur ce que peut être une économie digitale basée sur l’idée d’un micro investissement de chaque utilisateur du <REZO> qui devient actionnaire du service qu’il utilise, l’usage communautaire de ce service accroissant la valeur de l’entreprise, il y a là un modèle à creuser pour sortir de l’ornière des services gratuits qui sont en train de scier la branche sur laquelle nous sommes assis au profit des seules régulations économiques appartenant aux grands conglomérats marchands.
Si nous voulons préserver et poursuivre les mutations entreprises au sein de la réorganisation de nos sociétés grâce à la culture de l’information, l’idée de l’investissement financier personnel des usagers pour perpétuer l’économie de leur communauté devient essentielle tout comme la souscription de membre dans une association permet à celle-ci de poursuivre son activité. Un autre modèle peut-être extrapoler des coopératives agricoles qui ont créé de grands groupes alimentaires en syndiquant les producteurs autour d’une marque commerciale.
Il est possible de créer des sociétés à capital variable où la consommation du service est convertie en partie en capital pour assurer la pérennité de l’entreprise et son développement économique. Ce qui c’est passé ces dernières années avec l’injection massive de capitaux privés dans la net-économie permettant le développement exponentiel de celle ci peut facilement être reprise pour créer de nouvelles compagnies utilisant ce système de capital variable pour soutenir des services satisfaisants les besoins des utilisateurs sous forme de souscription d’actions et de micro-investissement . L’échange économique ne se faisant plus sous la forme d’un paiement du service mais par une souscription au projet de l’entreprise.

Encore faudrait -il coordonner ces initiatives à un niveau international, ce qui est loin d'être le cas, et donc revenir à une politique de syndication des initiatives indépendantes pour contrecarrer l'hégémonie économique des infostructures.
Hors de cette hypothèse, puissance publique et tiers secteur deviendraient des figurants dans une dramaturgie dont les rôles principaux sont joués par les détenteurs des tuyaux et des contenus.
Oui ;-) --OA

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