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Cyberguerre imaginaire

par OlivierAuber

 cb

Dans tout ce que je lis ou entends ici ou là sur la Cyberguerre, il me semble qu'il manque quelque chose, c'est l'imaginaire, ou plutôt les imaginaires et leurs confrontations.

Tout comme “l’homme est un être à imaginer” (Bachelard), le réseau l'est aussi, et tout se passe comme si l'un imaginait l'autre et réciproquement.

L'imaginaire, est un enfer, ou un paradis - c'est selon -, de symboles, d'extases et de peurs. Beaucoup ont essayé par le passé d'y distinguer des schémas, mais c'était sans tenir compte de l'irruption récente des réseaux et de leur topologie propre. Je soutiens que le processus spéculaire particulier que les réseaux opèrent avec nous ne se produit pas n'importe comment : il s'effectue suivant deux formes de "perspectives" propres aux réseaux analogues à la perspective spatiale de la Renaissance qui a construit notre représentation de l'espace pendant des siècles. Ces perspectives ne sont pas visuelles comme son ancêtre Renaissante, mais elles impliquent toutes nos capacités cognitives. C'est pourquoi je les appelle "perspectives anoptiques" (non-optiques). Elles sculptent ni plus ni moins, la manière dont nous percevons, non seulement les réseaux, mais aussi tous les objets techniques qui les prolongent, y compris ceux qui seraient implantés un jour dans notre propre corps et qui nous rendraient peut-être hybrides...

Comme à la Renaissance, et manière de plus en plus pressente au fur et à mesure que la technique envahit les corps et les esprits, se pose la question de la "construction légitime" de ces perspectives, non plus en termes géométriques (Alberti), mais en termes cognitifs. Il se pose aussi la question des attributs symboliques des points/codes de fuite de ces perspectives (Google, le IANA, les DNS, BAIDU, STUXNET, etc.), qui bien qu'étant le résultat de la rationalité instrumentale, n'est sont pas moins les nouveaux lieux de l'infini et de l'inconnaissable.

La cybergerre n'est rien d'autre qu'une compétition d'imaginaires perspectifs. S'il y a enjeu stratégique, c'est celui de distinguer les caractères de "légitimité" des perspectives que nous construisons et qui nous construisent en retour, en espérant que cela nous évitera de devenir des monstres.



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