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JeanPaulFourmentraux? NetArt? OlivierAuber

3.4. Les dispositifs à alteraction
Cette dernière sous catégorie de dispositifs à contribution permet aux
internautes de collaborer non plus en différé mais en temps réel à
l'émergence d'une oeuvre collective. Autrement dit, l’alteraction, envisagée
ici comme une action intermédiaire qui fait devenir autre56, engage de
multiples participants dispersés dans la conception simultanée d’entités
discrètes, par la mise en relation desquelles émerge une oeuvre autonome
globale.
Un des rares exemples satisfaisant à ce modèle d’interactivité est le
Générateur Poïétique57 développé par l’artiste-ingénieur Olivier Auber. Ce
dispositif déploie une expérience d'interaction graphique collective acentrée,
qui forme le support de recherches sur les phénomènes collectifs temps
réel58. Le principe du Générateur Poïétique permet en effet à plusieurs
individus de se connecter, à un moment donné, sur un site - le lieu et l’heure
du rendez-vous ayant été fixés par courrier électronique - afin de participer à
la création d’une image commune. La mise en oeuvre du dispositif implique
le téléchargement d’un logiciel assez rudimentaire de dessin bitmap dont
l’apprentissage est immédiat. La modification de l’image se fait en continu
et en temps réel. Chacun pour soi modifie l’image que tous voient, altérant
formes et couleurs. L’action de chacun qui est donc visible par l’ensemble
des participants apparaît déterminée par l’état de l’image à un instant donné,
elle-même résultat de l’action de tous. Par conséquent, au coeur de
l'expérience du Générateur Poïétique, la communication semble importer
davantage que ce qui est produit, l’image qui en résulte n'ayant pas plus
d'intérêt que n'importe quelle image intermédiaire.
29
Initialement lancé en 1986 sur des plateformes Minitels59?, ce projet a été
expérimenté lors de différentes manifestations artistiques aussi bien que
scientifiques. À partir de 1995, une version pour le Mbone (le backbone
Multicast de l'Internet dédié à la recherche) est développée par des étudiants
et chercheurs de l'Ecole Nationale Supérieure des Télécommunications
(ENST, Paris). L’infrastructure du réseau y est utilisée avec le protocole
particulier Multicast qui permet une interaction « tous-tous » en temps réel,
sans recourir à un serveur central60. Autrement dit, là où le dispositif à
altération permettait de constituer petit à petit un objet de manière
incrémentielle et en temps différé, le mode alteractif permet de vivre et de
sentir en temps réel l'action et la réaction simultanées entretenues avec les
autres participants. Envisagé dans cette perspective, le premier propose un
dispositif de transformation de l'oeuvre, alors que le second promeut
davantage un dispositif d'échanges entre individus. L’orientation de
recherche déployée par ce projet créatif engage donc davantage un
« processus cognitif » distribué, axé sur l’émergence de formes et de normes
d’un travail artistique en réseau régi par des mécanismes de contagion et
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d’hybridation des rythmes inhérents à chaque individu couplés à l’instrument
technique61.
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