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Samedi 28 novembre 2009, débat sur le thème "Hadopi : alternative et prospective"
De 16h15 à 18h, dans le grand amphi de la cité des Sciences.
Programme et intervenants : http://www.libreacces.org/spip.php?article82

Texte paru dans l'ouvrage collectif "la Bataille d'Hadopi" le 29 octobre 2009.

 bh

La reconnaissance de la capacité universelle à créer comme fondement d'un nouveau Contrat Social.

par OlivierAuber

En quinze ans seulement, l’internet est devenu le fluide quasi-unique permettant la circulation des œuvres et des connaissances. Il est à l'origine d'un renouveau total des pratiques et aussi d'une tempête qui n'épargne personne.

Trois corps tentent de surnager dans la tourmente: les « auteurs », les « consommateurs » et le corps des « intermédiaires ». L’internet rend multipliable à l’infini les productions des premiers. Il facilite leur appropriation par les seconds, au prix d'une insécurité de leurs droits, de leurs données et de leurs identités. Il menace, voire réduit à néant le rôle des troisièmes. Un quatrième corps, celui des politiques, tente de planer au dessus de l’étendue liquide, mais il est ballotté au gré des courants et menacé lui-aussi d’engloutissement.

La tempête est rude, car c’est la notion même de « valeur » que l'internet dissout, c'est-à-dire ce qui permettait il y a peu de distinguer les corps entre eux et les individus qui les composent. Au final, c’est « l’argent » , tel qu’il a toujours été conçu, qui fuit.

Au delà des réflexes de survie poussant l'un à enfoncer l'autre pour garder la tête hors de l'eau, des alliances se forment pour transformer aussi vite que possible le fluide à l’origine du problème en un vaste champ de serrures et de clefs, capable de recréer une valeur là où elle a disparu. Dans la panique, on imagine d'abord des systèmes à caractères dissuasif et répressif à l'encontre du corps le moins constitué, à savoir celui des « consommateurs » ; c'est le déferlement de lois votées en urgence qui s'impose actuellement face à des contre propositions plus équilibrées mais qui n'apparaissent pas assez rapides à mettre en oeuvre pour colmater les brèches.

En pleine tempête, nul n'a le temps de comprendre la nature intrinsèque du nouveau fluide qui nous baigne. C'est la peur de l'inconnu qui nous à le transformer en un entrelacs de serrures et de clefs, en ne voulant pas voir que le réel danger est que ces serrures soient un jour toutes fermées et que leurs clefs soient perdues.

Il manque une dimension à toutes les solutions évoquées jusqu'à présent, c'est le symbolique, c'est à dire ce qui unit, ce qui rassemble au delà de tout. Ce serait en quelque sorte une porte dotée d'une serrure qui n'aurait qu'un seul état : celui d'être toujours ouvert, à tous, inconditionnellement.

C'est en songeant à cette porte toujours ouverte comme fondement d'un nouveau Contrat Social qu'un groupe de citoyens a rédigé l'Appel pour le revenu de vie (reproduit ci-dessous)

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Appel pour revenu de vie

Au delà des clivages sociaux, des corporations, des écoles de pensée, nous, signataires du présent appel, voulons contribuer à provoquer dès maintenant une transformation réaliste et constructive de la société: celle du revenu de vie.

Qu’est-ce que le revenu de vie?

L’idée est soutenue de longue date par de nombreuses personnalités, de tous horizons politiques, de toutes confessions et de toutes nationalités. Elle est connue sous des appellations diverses: allocation universelle, revenu d’existence, revenu citoyen, revenu universel, revenu social garanti, dividende universel, revenu de base, etc.

Le revenu de vie ne doit pas être confondu avec le RMI, le RSA et autres allocations attribuées de manière conditionnelle. Le revenu de vie, lui, est automatique, inconditionnel et inaliénable. Il concerne tout le monde, riches ou pauvres. Il est attribué à chaque individu, de la naissance à la mort. Son montant est suffisant pour garantir à chacun une existence décente - quoi qu’il arrive -. Il est cumulable avec les autres revenus (salariés ou non). Il ne peut être saisi aux plus modestes, mais il entre dans l’assiette d’imposition des plus aisés.

Le revenu de vie ne rémunère pas l’emploi, mais le travail au sens large

Ni l’emploi salarié, ni les revenus du capital, ni les aides sociales classiques ne peuvent prétendre désormais garantir le droit à l’existence de chacun tel que défini à l’article III de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. C’est un fait: en raison de l’informatisation et de l’automatisation de la production, le plein-emploi ne peut plus être atteint. Par contre le travail est toujours d’actualité, et sa tâche est immense.
Il est plus que jamais nécessaire que chacun puisse travailler, d’abord à prendre soin de lui-même, de ses parents, de ses enfants et de ses proches, travailler ensuite pour contribuer aux biens communs accessibles à tous (connaissances, arts, culture, logiciels, etc.), travailler enfin à inventer et à mettre en oeuvre à toutes les échelles les moyens qui permettront de léguer une planète vivable aux générations futures.
Loin d’être un encouragement à la paresse, nous affirmons que le revenu de vie permettra à chacun, dans la mesure de ses capacités et de son désir, de s’engager de manière sereine, libre et responsable, dans des travaux essentiels pour l’intérêt général que les emplois traditionnels n’ont pas vocation à assumer.

Comment financer le revenu de vie?

Il s’agit précisément d’engager pour le financement du revenu de vie tous les moyens alloués à l’entretien de la chimère du plein emploi. L’institution du revenu de vie implique pour les pays qui le mettront en place de revoir leur système fiscal et social, et probablement de reprendre un certain niveau de contrôle sur la création monétaire qu’ils avaient abandonné aux banques. Les calculs des économistes qui ont réfléchi en profondeur à cette question montrent que cela est parfaitement possible.

Il n’est nul besoin d’attendre quelque cataclysme pour envisager cette profonde transformation. Cela peut se faire progressivement et sans dommage, à condition qu’il existe une prise de conscience et un engagement suffisamment massif. C’est à cet engagement que nous, signataires de cet appel, voulons amener.

Qu’avons-nous à perdre ?

L’illusion d’un emploi salarié et dûment rémunéré pour tous s’est volatilisé avec la crise. Avec cette disparition, va s’évanouir aussi pour beaucoup le réflexe de se définir en fonction de son activité professionnelle. Il ne faut pas le cacher, l’institution du revenu de vie amènera probablement à s’interroger plus encore, sur notre identité, notre rôle dans la société, notre aspiration à procréer en regard des problèmes de démographie, et sur la nature de ce que nous voulons transmettre à nos enfants.

L’institution du revenu de vie ne va pas sans mises en cause profondes de nombreuses habitudes. Nous pensons néanmoins que cette mutation des consciences et des comportements peut s’effectuer sans violence, et dans un esprit d’entr’aide mutuelle afin que se développe une nouvelle culture de la responsabilité.

Qu’avons-nous à gagner?

L’institution du revenu de vie remet en cause le “travail” tel qu’il est compris usuellement, à savoir comme base du capital et des rapports sociaux. On le sait, la réduction du “travail” au seul “emploi” provoque automatiquement l’exclusion de ceux qui en sont privés, la peur du chômage chez les salariés, et le contrôle social des assistés. Cette confusion entre “travail” et “emploi” a un coût énorme pour la société aussi bien financièrement que socialement. Les pathologies sociales et psychiques qu’elle entraîne ne sont tout simplement plus soutenables.

Nous n’attendons pas du revenu de vie qu’il règle tous les maux, mais nous affirmons qu’il est absolument nécessaire pour surmonter la crise de confiance actuelle en réduisant le niveau intolérable, de pauvreté, d’exclusion et de peur.

Action

Au moment où les médias annoncent quotidiennement l’imminence de catastrophes provoquées par l’effondrement des économies, le réchauffement climatique ou les pandémies, nous affirmons qu’il existe un moyen efficace pour faire face collectivement et pour mobiliser les forces vives: c’est la voie du revenu de vie.

Nous citoyens signataires de cet appel, demandons, aux politiques de tous bords, aux syndicats et aux experts, en France et partout dans le monde, de prendre en compte cette voie dans les délais les plus brefs et d’engager avec nous cette grande transformation.

Signer l’appel sur : http://appelpourlerevenudevie.org/

Introduction prononcée lors de la conférence de presse du Fouquet's

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