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Metaxu PhilippeQueau Commentaires

Le trou centripète
Mardi 28 octobre 2008, 06:46

Dans un article sur le "web centripète" (voir Internetactu.net), est évoquée cette idée de Nicholas Carr que nous sommes invinciblement attirés par le "centre" d’Internet, que ce centre ait pour nom Google ou Wikipedia, pour prendre deux catégories d’attracteurs différentes.

Cette idée n’est au fond que la réactualisation de la vieille idée des "rendements croissants" qui ont fait la fortune en d’autres temps de Microsoft. "The winner takes all". Le vainqueur prend tout. Cette logique irrésistiblement monopolistique est accentuée par les réseaux. Leur pouvoir croît avec le carré du nombre de leurs noeuds, quand il s’agit de réseaux réels (routiers, ferroviaires ou électriques). Mais on pourrait supputer que, dans le monde virtuel des hyperliens et de l’économie de l’attention, le pouvoir de ceux qui contrôlent l’une ou l’autre des variables clé croît non comme le carré mais comme la puissance 10 du nombre des points actifs. L’Internet des objets, dans cette perspective, va permettre d’accumuler un pouvoir monopolistique auprès duquel celui des "barons voleurs" du 19ème siècle apparaîtra comme bien innocent, bien désuet.

Quand Olivier Auber parle de perspective numérique il propose un concept intéressant puisque il nous offre par là le moyen de visualiser et peut-être même de conceptualiser les "lignes d’univers" qui strient le monde des hyperliens, et d’ainsi débusquer les trous noirs et autres anomalies de l’espace-temps du web. Il nous faut sans doute désormais, non pas de nouveaux Galilée ou de nouveaux Newton pour reconnaître la vraie nature de la Toile, mais bien de nouveaux Einstein et de nouveaux Schrödinger. Si la Toile est un monde, et si elle a une glande pinéale, voici les questions qui peuvent raisonnablement se poser: son évolution est-elle déterminée par des lois inflexibles (comme disait Einstein), ou bien y a -t-il encore un espoir de liberté et d’indétermination créatrice (comme le laissait entendre Schrödinger)?
Quand j’aurais ajouté que c’était exactement le même fossé conceptuel qui s’est ouvert en Europe avec la Réforme (Luther, Calvin, Hobbes, Diderot, Marx, Freud étant comme Einstein partisans du déterminisme, et Erasme, Descartes, Kant, Bergson étant les rares défenseurs de la liberté), on aura compris que la grande bataille économique, technologique et politique qui se joue devant nous pour le contrôle du Net n.0, a aussi une nette composante philosophique et même religieuse (en gros : liberté vs grâce).

Peut-être est-il temps de se mettre en quête de catacombes pour nous abriter quelques siècles, en attendant que l’Empire se convertisse?
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