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Introduction: Maquette de monde

Le thème proposé par Anolga Rodionoff pour cette réunion de travail était - si je me souviens bien- : "Le réseau 10 ans après". Il est curieux et tout fait remarquable que les trois premières interventions (dont la mienne) aient évacué jusqu'au terme de réseau. En une certaine façon c'est déjà une réponse à la question posée par Anolga et (peut- être) à la thématique de cette journée.

Sans nous être concertés ni donnés le mot, c'est le terme "perspective" qui revient dans nos trois interventions et je crois qu'il faut prendre cette convergence au sérieux. Même ce que j'ai lu de l'abstract de Pierre Musso sur la rétiologie me semble avoir déplacé la réflexion sur le réseau comme concept de la technologie sur le réseau comme concept de la politique, version idéologie.

Il semble, en effet, et c'est la première remarque qui me vient à l'esprit que le réseau en tant que concept, ait été résorbé, digéré dans la pratique ordinaire, et ne soit plus actuellement qu' une "figure conceptuelle" (de l'ordre d' une image rhétorique) recouvrant une pratique.

Ce que nous avons tenté, il me semble, avec nos trois analyses, dont je rappelle encore qu'elles convergent, c'est de reconduire le réseau au concept, de redéfinir ses propriétés, au delà des pratiques usuelles qui n'en exploitent qu'une partie. Pour cela, la sphère de l'art est la plus à même de permettre une reconceptualisation. Cela peut étonner certains mais non ceux qui travaillent dans ce champ. L'art permet la distance, la " jouabilité"; le ludique explore et étire jusqu'aux confins les possibilités que donne le nouvel espace. Ce faisant, il en trace la carte éphémère et toujours recommencée. Aussi bien, l'esthétique, loin de devancer les œuvres et d'en définir les limites et les caractères, suit pas à pas les inventions des artistes, et les concepts qu'elle s'essaye à produire sont des réorganisations ou des mises en ordre des pratiques réellement accomplies. C'est sans doute pourquoi le réseau dans la généralité de son concept ne suffit plus à rendre compte des événements, actions, projets et œuvres "cyber"

Il nous faut à la fois rendre compte de l'extension de pratiques et de concepts particuliers à un monde qui les enveloppe et qui a ses propres lois, et à la fois décrire les usages singuliers qui peuvent y être repérés. Usages concrets et maquette de monde sont liés (1).

Sans entrer aujourd’hui dans le détail des oeuvres, c’est cette maquette dont j’aimerais esquisser les premières figures, dans l’espoir d’apporter quelques éléments à la nécessaire indéfinition du réseau.

Ainsi apparaîtra, du moins je l’espère, l’importance d’une invention, limitée d’abord à une technique de représentation : l’espace perspectiviste, espace devenue par la suite la forme générale de nos perceptions spatio-temporelles, de telle sorte que nous sommes dans l’obligation de transformer ce cadre formel quand une autre invention technique, celle du cyberespace vient à s’imposer.

  DunPaysageLautre
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