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Le moment Galiléen des réseaux. Vous ne pouvez pas comprendre…

Ceux qui disent « Le Numérique », « L’Intelligence Artificielle », « Le Machine Learning », etc. Ceux qui imaginent que le monde est définitivement unifié et stabilisé autour des GAFAM et des BATX. Ceux qui voient l’éthique comme une sorte de rustine s’adaptant au gré du marché et des événements – événements qui n’en sont pas vraiment puisque c’est toujours plus de la même chose -. Ceux-là ne peuvent pas comprendre..

Dans l’histoire des réseaux, il y a eu plusieurs « moments Galiléens » que l’on a refusé de considérer. C’est le cas de l’expérimentation du « Mbone » dans le milieu des années 90 en même temps que l’irruption du web. Une toute autre topologie de l’Internet aurait pu l’emporter. Dans ce cas, ni Google, ni Facebook, ni les autres n’auraient existé sous la forme qu’on leur connaît.

Le « Mbone » ou « Multicast Backbone » est un réseau doté d’un protocole symétrique pair à pair de bout en bout.

Pourquoi cela ne s’est pas développé ? Bien parce que les opérateurs Telecom n’y ont pas vu leur intérêt. Le protocole a été jugé « not scalable », ce qui veut dire en clair que les opérateurs ne savaient pas où mettre leur tiroirs-caisses et les gouvernements ne savaient pas où placer leur boites noires.

Et pourtant elle tourne ! ( "E pur si muove" Galileo Galilei (1633))

J’ai l’impression d’être l’un des derniers à me souvenir que ce réseau fonctionnait parfaitement ; qu’il était capable de relier les gens instantanément, sans aucun intermédiaire, et pour faire tout ce qu’ils ont envie de faire !

Ensuite d’autres réseaux expérimentaux ont vu le jour, rendant le Mbone soi-disant obsolète. Or ces nouveaux réseaux ne se sont intéressés qu’aux performances de débit, plus du tout à la symétrie du protocole..

Bref, « Le Numérique » m’apparaît comme un monde enfermé dans son géocentrisme. Plus précisément, nous ne connaissons que la première des « perspectives anoptiques » : la « perspective temporelle » qui trouve comme points de fuite les hubs du réseau. Si l’on reste coincé dans ce monde, il ne reste qu’à évaluer les puissances de calcul des hubs en question., bref à compter les points, ou à distribuer les bons et mauvais points comme s’apprête à le faire le GDRP pour tenter désespérément de contrer l’obscurantisme des plateformes et le posthumanisme des gurus.

Or comme le Mbone l’a montré, il existe une deuxième « perspective anoptique » : la « perspective numérique » qui décrit le fonctionnement des réseaux distribués pair à pair. Dans ce cas, il n’y a plus de « points de fuite » mais des « codes de fuite » : les codes sous couvert desquels les agents échangent et forment des assemblées. Sur un tel réseau, les phénomènes émergent d’une toute autre manière, sans doute suivant un processus similaire à une « conversation »…

Mais bon, vous ne pouvez pas comprendre…

Un article d’Olivier Auber, initialement publié sur Facebook et reproduit avec son aimable autorisation.

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Sources d’inspiration (de désaccord):

Luciano Floridi (2018), Soft Ethics and the Governance of the Digital
https://www.academia.edu/35948664/Soft_Ethics_and_the_Governance_of_the_Digital

Jean-Paul Delahaye; Clément Vidal (2018): Universal Ethics: Organized Complexity as an Intrinsic Value
https://zenodo.org/record/1172976
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