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Retrait du temps

On sait que la définition traditionnelle du temps est « nombre du mouvement» (8). Un mouvement, en effet, se produit dans le temps qui en mesure ainsi le tracé. Or la vitesse du transport qui lie instantanément deux points sur le réseau annule le temps du parcours. Dans ce contact instantané le mouvement ne peut être mesuré, il est même quasi nul. La temporalité du mouvement échappe donc à la mesure, elle s’efface, et c’est une autre espèce de temps qui est sollicitée, sorte de temps que l’on nomme « temps réel » ( du moins si l’on veut continuer à parler de temps, ce qui serait peut être inutile après tout).

Avec un déplacement privé de temporalité, et un espace dont les parties ne sont plus à distance et ne peuvent être repérées de manière stable, la structure nouée de nos perceptions habituelles n’a plus lieu d’être. Mais nous ne pouvons nous empêcher de continuer à penser et à agir dans la structure ancienne ; et de même que nous continuons à parler en terme de lieux cartographiés, ayant présent en mémoire une sorte d’atlas colorié, de même continuons-nous à penser au temps comme à une réalité structurant nos actions, au point d’appeler « temps réel » ce qui, justement, est un retrait du temps. (9)

Ainsi, pouvons-nous dire que nous vivons deux sortes de réalité spatio-temporelle en même temps; elles se juxtaposent, sans se confondre, comme si une barrière invisible mais rigide les séparait. La disjonction est si patente que nous appelons « virtuelle » la réalité qui est celle du cyberespace, tandis que de notre monde familier, à structure nouée, nous disons simplement qu’il est «réel ».

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