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Partie IITROIS REGIMES DE LEGITIMITE* * * Olivier Auber * * Octobre 2007 * SOMMAIRE
Partie I - Trois perspectives
Partie II - TROIS REGIMES DE LEGITIMITE<Imprimer cette partie>Résumé II-1. Le régime de légitimité spatial II-2. Le régime de légitimité temporel
II-3. Le régime de légitimité numérique Suite... Partie III - Perspectives et territoire Copyright © 2007 Olivier Auber Copyleft RESUME
PARTIE II – TROIS REGIMES DE LEGITIMITE
RESUME Les trois types de perspective entraîneraient à leur tour à trois régimes de légitimité et trois types d’économie: Le régime de légitimité spatial correspond à une économie de production. Le régime de légitimité temporel correspond à une économie de l’attention. Le régime de légitimité numérique correspond à une économie du lien. Retour au sommaire TROIS REGIMES DE LEGITIMITE
Partie II - Trois régimes de légitimité
Cité idéalePeu après l’invention de la perspective par Filippo Brunelleschi, Leon Battista Alberti et Piero della Franscesca, ont poussé ses principes géométriques dans leurs retranchements. Ils en ont déduit le modèle de la " cité idéale" construit suivant des règles géométriques dites " légitimes". La cité idéale (1475), Piero della Francesca. Source: Wikipédia. Cette sorte de mise en coupe réglée de la représentation qui s’exprime dans la cité idéale constitue un modèle de référence calqué sur nos modes de perception qui agit encore en nous de manière inconsciente. Sans un mot, ce modèle donne à chacun des règles claires pour se situer dans l’espace et dans la durée. Sans grande théorie, il procure à tous un instrument permettant de mesurer en un clin d’œil l'écart entre le schéma idéal et la réalité des usages. Il permet donc aussi d'apprécier les jeux de distorsion que l'on fait subir, tant aux représentations esthétiques, qu’à leurs correspondances sociales et politiques. En cela, la perspective spatiale et la cartographie physique ont constitué un outil pédagogique puissant ayant contribué à refonder les identités individuelles et collectif collectives issues des codes religieux et des hiérarchies politiques du Moyen Age. Depuis la Renaissance, elles sont acceptées comme la norme de représentation et le cadre implicite de l'action des hommes inscrits dans leur territoire comme de leur souverain local. La perspective a donc, à la fois, induit, normé et instrumenté, une certaine structure du pouvoir politique. En d'autres termes, les conditions géométriques qui doivent être remplies pour que la perspective soit considérée comme légitime, ont institué un certain régime de légitimité du pouvoir et de la représentation territoriale que l'on peut appeler le " régime de légitimité spatial".
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Mécanismes universelsIl faut observer que les mécanismes psychologiques et sociaux sous jacents aux perspectives spatiales, temporelle et numérique ont probablement toujours existé et constituent peut-être même des traits récurrents du phénomène anthropique. Bien avant bien l'invention de la perspective spatiale, le temps et l'espace semblaient avoir parties liées. Bien avant l’invention du télégraphe, les informations issues des occupants d’un territoire convergeaient vers des lieux sacrés, des palais ou des sièges gouvernementaux qui les traitaient et les redistribuaient dans une certaine mesure. Et les hommes n’ont pas attendu l’invention des réseaux acentrés et de leurs codes de fuites, pour s’assembler en groupes sous couvert de codes sociaux, tels que la langue, la religion, le sexe, l’âge, le niveau d’éducation, les options politiques, le type de production ou de consommation, etc. De même, certains codes biologiques prédisposant à des maladies ou certaines substances chimiques jouent des rôles similaires dans les assemblages humains. Ces mécanismes ont induit certains pouvoirs et normé leurs régimes de légitimité respectifs bien avant l'irruption des trois perspectives que nous décrivons.
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Un modèle agissantLa perspective spatiale de la Renaissance a objectivé un modèle sensible de la relation du temps à l'espace, le support du tableau étant déjà là pour le diffuser. L’Internet donne à son tour un support totalement nouveau pour l'exercice des mécanismes ancestraux relatifs à l'information et au code. Pour la première fois, ceux-ci peuvent être quantifiés, mesurés, et visualisés. Et ils ne manquent pas d'être aussi instrumentalisés. Comme l'a fait la perspective spatiale pour le temps et l'espace, les perspectives temporelle et numérique sont susceptibles de fournir à tous des règles simples permettant de se situer dans les processus liés à l'information et au code de façon à pouvoir en évaluer les configurations et retrouver une certaine autonomie par rapport à eux. Cela passe par la modélisation des cités idéales que ces processus construisent implicitement et qui agissent au niveau de notre inconscient sur la manière dont nous percevons notre monde et dont nous agissons sur lui. Ces nouvelles cités idéales prennent comme modèle celle de la perspective spatiale, mais les régimes de légitimité qui en découlent sont très différents. Le régime de légitimité spatial
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Le régime de légitimité spatial Géométrie et politiqueUn tableau peut être considéré comme répondant aux canons de la perspective spatiale dans la mesure où il donne le sentiment à ses spectateurs qu'ils peuvent idéalement emprunter le point de vue du peintre. En d’autres termes, l'observateur doit pouvoir vérifier d'un seul coup d'oeil que la taille des personnages et les objets est fonction de leur éloignement du point de vue, et qu'un point de fuite homologue de l'oeil de l’auteur organise les fuyantes de manière cohérente. En matière de cartographie, c'est la conformité géométrique de la carte au territoire qui doit pouvoir être vérifiée par l'expérience du terrain. La condition pour que la carte devienne le support des projections et des actions collectives est donc d’ordre sensorimotrice. Pour effectuer la traduction en terme de légitimité politique, il faut remplacer le «peintre» par le «Prince». A savoir que ce dernier doit donner le sentiment à ses sujets que chacun d'eux, se substituant idéalement à lui, effectuerait les mêmes constats, hiérarchiserait les sujets de la même manière, et prendrait les mêmes décisions. Chacun doit aussi pouvoir vérifier qu'il est traité de façon cohérente avec son point de vue et que personne n'échappe à ce traitement, y compris le Prince lui-même. Ces conditions de légitimité quasi géométriques peuvent s’exprimer en termes plus politiques en utilisant la typologie proposée par Pierre Rosanvallon. Selon lui, il existerait trois types de légitimité:
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Le régime de légitimité spatial Ancien RégimeLa période historique allant de la Renaissance à la Révolution française a vu ces trois types de légitimités prendre des formes très variées qui se sont combinées entre elles de multiples manières. Sous l’ ancien Régime, la légitimité substantielle était assurée par le droit divin, un «code» donc, qui se voulait l’expression et la Lettre de Dieu, et qui conférait aussi au roi sa légitimité procédurale (succession par primogéniture masculine). Ce même code assurait sa légitimité par impartialité puisque le monarque, en charge de la justice, était réputé se plier lui-même à la loi divine, comme tout être humain. Dans une économie de production qui tirait l’essentiel de ses ressources du sol, donc de l’espace, l’impartialité du roi se traduisait par la soumission de tous à un impôt plus ou moins proportionnel à la production, et donc à l'espace, en échange des services de protection de son armée, industrie de l’espace par excellence, contre les agressions intérieures et extérieures au territoire . Mais ce schéma comportait de subtils jeux de distorsion par rapport aux canons de la cité idéale. Le clergé et la noblesse, que l’on peut voir comme des précurseurs des « industries du temps» et des « industries du code», étaient traités, justement suivant des codes et des temps privilégiés, dont la cour constituait le lieu d’élection. Pendant des siècles néanmoins, les identités sont restées de gré ou de force confondues au territoire. Les conflits se réglaient aux frontières. La cartographie n’était que militaire.
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Le régime de légitimité spatial Légitimités républicainesChâssis figuratif du territoire de la France partagé en divisions égales entre elles conformément au rapport du comité de Constitution fait à l'Assemblée Nationale le mardi 25 septembre 1789 sur l'établissement des bases de la représentation proportionnelle. SourceImage: BNF. Dans ce qui peut s’interpréter comme une réaction aux distorsions abusives de la perspective spatiale opérées par la royauté, la bourgeoisie naissante a brusquement décapité son point de fuite. Au droit divin, elle a substitué le «contrat social» qui fonde la légitimité substantielle de la République, un «code» en soi, traduit plus tard sous la forme de la déclaration universelle des Droits de l’Homme, de la Constitution, du Code civil, etc. La République a aussi innové sur le plan de la légitimité procédurale en inventant le suffrage universel. Dès lors, ce système de gouvernance né avec l’invention du télégraphe et nécessitant une centralisation rapide de l’information, a mis un pied dans le régime de légitimité suivant, celui de la perspective temporelle. La légitimité par impartialité, quant à elle, s'est jouée dans le principe de la séparation des pouvoirs. Le pouvoir exécutif tient sa légitimité substantielle du pouvoir législatif qui repose lui-même sur la légitimité procédurale du suffrage universel. Dès l’origine, le pouvoir exécutif qui détient la légitimité par impartialité pour administrer le territoire - et donc pour en dresser des cartes -, dépend donc indirectement d'un régime de légitimité de type temporel. La fuite en avant du suffrage universel vers l'inconnu de la perspective temporelle est heureusement refreinée par le Code électoral qui institue un " temps codal", en l'occurence un rythme de consultation qui s’accorde avec l’exercice du pouvoir. En cela, la République a mis aussi un pied dès son origine dans le régime de légitimité numérique. Le régime de légitimité temporel
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Le régime de légitimité temporel Condition cognitiveLa cité idéale de la perspective temporelle peut être imaginée sur le même modèle que celle de la perspective spatiale. Un système centralisé de traitement de l'information peut être considéré comme légitime dans la mesure où il donne le sentiment à chacun des acteurs qu'il pourrait idéalement l’ administrer lui-même, voire en modifier éventuellement les règles de fonctionnement. L'utilisateur doit pouvoir vérifier par l'action directe sur le dispositif que son action est prise en compte et traitée immédiatement suivant des règles explicites, comme c’est aussi le cas des actions de tous les autres utilisateurs, y compris celles de l'administrateur du système. Dans la cité idéale de la perspective temporelle, la validation de l’efficience du point de fuite à gérer son territoire de signes se fait très simplement: chacun voit directement le résultat de son action personnelle au sein du collectif et en conclut – ou pas - que «ça marche». Il s'agit donc d'une validation cognitive.
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Le régime de légitimité temporel Biens CommunsDans la perspective spatiale, l'observateur n'est pas forcément confondu avec la chose représentée. Dans la perspective temporelle au contraire, les données émergeant de l’interaction sont le fruit des acteurs eux-mêmes. Celles-ci doivent en conséquence constituer une sorte de bien commun que rien ni personne ne peut s’approprier. Chacun est aussi en mesure de vérifier que ces biens communs le sont vraiment, par exemple en tentant d’en obtenir une copie intégrale. Traduit en termes politiques, la légitimité procédurale du pouvoir repose sur sa capacité à traiter les actions de chacun dans l’instant même, y compris les requêtes relatives à son processus d’accession ou de maintien au pourvoir. La légitimité par impartialité repose sur l’universalité et la lisibilité des règles de traitement que le pouvoir met en œuvre. Et c’est en étant le garant des biens communs issus de l’interaction de tous via son dispositif qu’il accède à la légitimité substantielle.
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Le régime de légitimité temporel Composer avec le modèleDans la pratique, les choses ne sont évidemment pas si simples: L’ immédiateté pose un problème aux institutions fondées sur le régime de légitimité spatial dont les boucles de rétroaction et de validation sont lentes et fortement ritualisées (le suffrage universel soumis au temps codal). Les biens communs posent un problème à certaines industries du temps, les entreprises de communication, dont le modèle capitaliste vise plutôt à organiser la rareté et à obtenir des positions de monopole. Dans ces deux sphères, les organisations ont donc mis en place des modes de fonctionnement qui composent autant que possible leur réalité propre avec les canons de la perspective temporelle: c’est que l’on peut appeler l’ « économie de l’attention».
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Le régime de légitimité temporel Economie de l’attentionDans la sphère commerciale, ce qui confère à un centre sa capacité d’agréger et de redistribuer l’information, est simplement l’«attention» portée par les utilisateurs au dispositif, c’est à dire le temps qu’ils passent et les gestes qu’ils produisent en interaction avec lui ( Herbert Simon, 1971). Les industries du temps transforment cette matière première en revenus, par exemple, par l’entremise de la publicité. La légitimité de centres de cette économie est donc essentiellement de type procédurale: plus il y a d’attention, plus il y a de ressources (publicitaires entre autres), plus il y a de moyens pour absorber et redistribuer des données et donc pour mobiliser l’attention, ainsi de suite… Les centres de l’ économie de l’attention développent aussi une forme de légitimité par impartialité reposant souvent sur la gratuité des services - qui de fait, traite chacun de manière équivalente -, et sur l’ergonomie et de design cognitif qui assure une certaine lisibilité des processus. La légitimité substantielle provient souvent d’une sorte de mythe fondateur lié à l’innovation, matérialisée par des brevets, des copyrights et des logiciels, bref des codes qui acquièrent d’autant plus de légitimité qu’ils sont livrés finalement à tous en OpenSource. En dernier ressort, la légitimité substantielle provient surtout de la validation de ces innovations par le « marché»; substitut mondain de l’ordre divin.
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Le régime de légitimité temporel Capitalisme ou Communisme cognitifs?On reconnaît Google, le site le plus fréquenté au monde, comme le modèle même de l’ économie de l’attention et derrière lui, une myriade d’autres sites ou de médias jouant sur d’autres variantes de légitimité. Le modèle le plus opposé, pourrait-on dire, bien qu’il relève de la même économie, est sans doute Wikipédia, l’encyclopédie contributive, 6ème site le plus visité au monde, parce qu’elle substitue à la publicité les dons directs de ses utilisateurs (en argent, en temps ou en connaissances). Dans le cas de Google, les utilisateurs n’ont aucunement conscience d’interagir via un point de fuite et de le nourrir de leur seule attention. Chacun d’eux, réputé être sensible à la publicité, participe à son insu au grand cycle du " capitalisme cognitif" par le simple fait de consommer. En aucun cas, les utilisateurs ne peuvent obtenir une copie intégrale des données que Google capitalise soigneusement, quelque part. Dans le cas de Wikipédia au contraire, les utilisateurs nourrissent consciemment le centre de leurs contributions, et peuvent participer à un degré ou un autre à sa gouvernance. De plus, toutes les données de l’encyclopédie, ainsi que les logiciels qui lui permettent de fonctionner sont disponibles pour tous, immédiatement et dans leur intégralité. En cela, Wikipédia propose une variante de légitimité substantielle plus proche des canons de la légitimité temporelle, non pas fondée sur le marché, mais véritablement sur les biens communs. Certains y voient la naissance d’un " communisme cognitif". Google: 561 millions de visiteurs uniques en août 2007, +20% / août 2006. Wikipédia: 210 millions de visiteurs uniques en août 2007, +52% / août 2006. Source: ComScore Word Metrix 2007
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Le régime de légitimité temporel Reseaux sociaux ou Centres d'affaire?Les nouvelles plateformes du Web, dit « 2.0» qui selon une étude attirent déjà l’attention de 60% des internautes français, proposent encore d’autres variantes de légitimité sur le registre temporel, mais elles vont un cran plus loin. Leur matière première n’est plus seulement l’ attention des usagers, mais la cartographie de leurs « réseaux sociaux», ce qui leur permet, entre autres, de cibler au mieux la publicité. En cela, le Web 2.0, bien reposant encore sur une version centrée de l'Internet, met un pied dans un autre régime de légitimité, celui de la perspective numérique fondé sur le «code» au sens de signe de reconnaissance. Visualisation d’un réseau social sur Facebook Source : TouchGraph Le régime de légitimité numérique
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Le régime de légitimité numérique Condition ontologiquePour tenter de d’imaginer le régime de légitimité de la perspective numérique, il faut pousser les logiques des réseaux acentrés dans leurs retranchements afin de construire la cité idéale qui leur ressemble. Comme dans le cas des réseaux centrés, un dispositif acentré peut être considéré comme légitime dans la mesure où il donne le sentiment à chacun des acteurs qu'il pourrait idéalement l’administrer lui-même, voire en modifier éventuellement les règles de fonctionnement. L'utilisateur doit pouvoir vérifier par l'action directe sur le dispositif que son action est prise en compte et traitée immédiatement suivant des règles explicites, comme c’est aussi le cas des actions de tous les autres utilisateurs, y compris celles des auteurs des codes et des interfaces qui lui permettant de fonctionner. Comme dans le cas de la perspective temporelle, chacun doit pouvoir observer directement le résultat de son action personnelle au sein du collectif ( validation cognitive). Mais il faut de plus que le code fasse «lien», c’est à dire qu’il soit reconnu comme signe d’appartenance par le groupe qui l’utilise. Pour cela, d'une part le code doit laisser à chacun son libre arbitre pour savoir s'il le rejoint ou non, puis s'il se retire ou non. D'autre part, tout comme un lieu public n’impose pas les termes des conversations qui s’y déroulent, il ne doit pas présumer, ni de la nature ni de l’issue des interactions qui doivent donc rester le propre du groupe. En dernier ressort, cette reconnaissance du lien passe par une autre, celle du caractère "authentique" des échanges. Il s’agit de reconnaître l’autre et de démasquer tout ce qui n'est pas être lui. Une expérience ontologique en somme, dans laquelle il s’agit d’attendre que " ça arrive" (ou pas), de constater (ou pas) qu’une chose sublime (ou pas) et non préméditée (ou pas) émerge (ou pas) instant après instant à l’intérieur de laquelle chacun reconnaît sa présence (ou pas). En termes scientifiques, cela s'appelle un test de Turing, à l’envers, et à l’échelle collective. Enfin, plus encore que dans le cas de perspective spatiale, le résultat des échanges via un réseau acentré se doit d’être le bien commun des protagonistes. Une fois remplies ces conditions, de l’ interaction collective peut naître le référentiel qui permet à nouveau l’ interaction.
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Le régime de légitimité numérique Economie du lienLa traduction de la perspective numérique en terme de légitimité politique est très complexe à imaginer. Cependant, nous pouvons faire l’hypothèse que l’économie précédente fondée sur l’ attention cèderait le pas à une " économie du lien", entre les individus, entre groupes . La boucle du marché, si on peut encore l'appeler ainsi, pourrait être décrite ainsi: le lien aurait besoin d’interface, l’interface aurait besoin de programmes susceptibles de créer du lien, et ainsi de suite. La production et la consommation de biens matériels ne seraient qu’une conséquence indirecte du fonctionnement de cette boucle. Dans les perspectives spatiale et temporelle, le pouvoir était concentré aux points de fuite. Dans la perspective numérique, bien que le code de fuite soit un centre immatériel, arbitraire, et insaisissable, le pouvoir se concentrerait aussi sur lui. Mais alors où serait-il? Et bien simplement sur le cadre ouvrant sur la perspective: l' architecture invisible des interfaces et des programmes qui recèlent les codes permettant aux groupes de commuter. La primauté donnée par la précédente perspective aux centres agrégateurs disparaît donc au profit d’autres acteurs que l'on a appelé les " industries du code" ou les " communautés du code" suivant la manière dont ils se structurent. RelationshipEconomy
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Le régime de légitimité numérique Un Droit du codeDans l’ économie actuelle de l’attention, c’est le « marché» qui en dernier ressort fonde la légitimité substantielle du pouvoir. Le marché s’exprime de manière imprévisible par des indices calculés de manière centralisée: Dow Jones, Nasdaq et autres CAC40. Déjà, le " ça arrive", c’est à dire l’ imprévisibilité radicale, est au cœur des points de fuite temporels de l’économie monde. Map of the market. Source: smartmoney.com Dans l’ économie du lien qui supplanterait peu à peu celle de l’ attention, l’ imprévisibilité radicale ne s’exprimerait plus en des points particuliers, mais au cœur de chaque code de fuite. Les cartes sémantiques construites de manière acentrée au niveau de chaque interface en constitueraient les indices sur lesquels chacun pourrait agir. En d’autres termes, c’est le " ça arrive" qui validerait - ou pas – la légitimité substantielle de toutes les formes d’interfaces, de liens et d’échanges dans le registre de la perspective numérique. De cette boucle de validation devrait émerger une écologie intrinsèque au code qui peut-être se traduira par un droit particulier: un code du code (Rule of Law)? Dès lors, le terme de " marché" hérité du temps de l’ économie de production où les échanges de biens matériels étaient prééminents, apparaît impropre pour désigner le fondement de la légitimité substantielle induite par la perspective numérique. Le terme de " poïèse" serait plus adapté ; un mot dont Platon propose une définition: "la cause qui, quelle que soit la chose considérée, fait passer celle-ci non être à l’être". Agrégateur poïétique : cartes de conversations distribuées où chaque couleur représente les actions d’une même personne. Source : Anoptique
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Le régime de légitimité numérique Prime à l'ouvertureDans une certaine mesure, l’industrie du téléphone portable et du GPS a déjà avancé vers la deuxième option. Elle applique tant bien que mal les conditions de légitimité numérique en jouant le jeu de la normalisation des protocoles de communication et en proposant des terminaux interopérables qui n’enferment pas (ou pas trop) les utilisateurs chez tel opérateur ou tel fournisseur. De même Microsoft chemine bon gré mal gré vers une certaine ouverture de ses logiciels sous la pression des constructeurs qui préfèrent avoir recours à un code ouvert. Si tel est le cas, ce n’est pas pour des questions commerciales, éthiques ou morales, mais pour toutes ces raisons à la fois, déterminées par une forme naissante de perspective numérique. La réalité future des interfaces, terminaux portables et autres objets communicants de plus en plus intégrés au corps ne sera probablement jamais aussi tranchée entre le totalitarisme du secret ( biopouvoir) et l’ouverture des codes et des programmes ( Anoptisme). Ces objets auront probablement un statut intermédiaire, ambivalent et incertain. Néanmoins, une prime décisive de légitimité procédurale serait donnée à ceux qui sauront allier interopérabilité et soucis des biens communs. Ils pourraient ainsi maintenir leur activité sous le regard extrêmement exigeant d’utilisateurs experts, parties prenantes de la conception et du design. Leur légitimité par impartialité se jouerait dans l'universalité de l' accès aux codes, et dans les règles d'accès à l' identité numérique qu'ils contiendraient. Apple Form Factor Evolution. Source : Apple. EasyNeuf, Neuf Cegetel, ordinateur opensource simplifié. Suite... Partie III - Perspectives et territoire
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